LA PETITE PLACE À AMIENS

J’ai commencé l’écriture il y a de cela désormais plus de vingt ans, alors que je débutais l’université. L’envie d’écrire me titillais déjà depuis plusieurs mois, depuis que j’avais commencé à bâtir mon univers qui ne se nommait pas encore Terres d’Ilhyya. En vérité à cette époque il n’avait pas encore de nom. Je passais de nombreuses heures à la B.U, la Bibliothèque Universitaire. Ces heures n’étaient ni longues ni fastidieuses tant l’écriture de La Quête de l’Orbe, un manuscrit aujourd’hui disparu, me transportait à mille lieues de là, à travers des portails chimériques qui faisaient cet univers aussi tangible et vivant que le notre dans mon esprit. Le silence monacal de la BU m’était alors à l’époque d’une aide proverbiale pour noircir à la main les feuillets que j’achetais en nombre. Néanmoins je ressentais un besoin d’extérieur, un besoin de nature et de calme. J’abandonnais pour quelques jours mes cours barbants et flânais à loisir dans les rues, près du beffroi, le long du quai Bélu à St Leu, au parc de la Hotoie. Je cherchais, sans y penser vraiment, mon havre de paix, ce petit coin rien qu’à moi où je pourrai laisser errer mon imagination sans aucune limite et sans que personne ne m’en tienne rigueur.

 

J’ai longtemps marché, très longtemps même, empruntant des rues que je ne connaissais pas au risque de me perdre. Mais, au fond, n’était-ce pas ce que je désirais. Je ne le saurai dire avec certitude. J’allais, heureux de cette solitude, de cette vie de bohème que je menais et qui, ne me menant nulle part, me conduisait à l’essentiel. Les jours et les semaines passèrent jusqu’à ce beau jour du début de printemps où le murmure d’un cours d’eau m’appela. Je suivis le bruit, à l’oreille, me rapprochant insensiblement. Lorsqu’enfin je l’aperçus le miracle se produisit. Elle était là, minuscule, bordée de fleurs et d’un arbre dont l’ombre s’étendait, alanguie sous la prime chaleur. Un banc m’invitait à m’asseoir à deux pas des eaux. Ce n’était rien qu’un banc public un peu fatigué, un banc de fer et de bois aux peintures usées mais ils me tendait son assise comme un ami te tend les bras. Aussitôt je m’assis, profitant de la fraîcheur, écoutant cette ville qui ne bruissait plus. Ah mon ami, comme j’ai rêvé si souvent de la retrouver, de retrouver un tel endroit. J’y passais, dès notre première rencontre près de quatre heures, ne repartant qu’à la tombée du jour lorsque l’obscurité m’empêchait d’écrire et m’invitait à regagner mes pénates.

 

J’y revins les jours suivants, puis les semaines et les mois prenant garde de n’y pas venir trop souvent. Je craignais, à tort ou à raison cela je ne le saurai jamais, que ma place fut découverte. Cela ne fut heureusement pas le cas. J’y écris là bas certains de mes plus belles pages. J’ai depuis longtemps quitté la cité d’Amiens et je repense souvent à cette place, à ce sentiment de plénitude et de sérénité qui m’empoignait le cœur. Je te souhaite ami arpenteur de trouver un tel endroit et de ressentir ce que j’ai ressenti. Je suis heureux d’avoir partagé avec toi ce souvenir. À très vite pour un nouveau voyage dans mon passé.

 

Je t'offre une belle image qui n'est celle de cette place mais qui en reflète la beauté et l'ambiance qu'elle a dans mes souvenirs.

 

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