Elles se dressent jusque dans le ventre des Landes Noires, ces forêts aux arbres torturés, aux troncs noueux, à la ramure plus encore. Gardienne des âmes des sylviles soumis aux forces de la destruction elles croissent en abondance et gagnent chaque lune un peu plus de terrain. Protectrices du royaume d’Ollorim et de celui des Landes Noires elles donnent aux bêtes et aux abominations nées des arcanes interdites un refuge sûr. Les vents des quatre horizons portent en tous les royaumes les fruits de ces verts seigneurs à la sombre ramure, nourrissant la terre des humeurs noires, donnant aux fils du chaos une terre où établir leurs cités. Si elles ne sont terres d’arcanes elles sont de toutes les forêts les plus honnies et les plus fuies des hommes. Car, sous le couvert des branches, dans l’épaisse ombre des feuillages courent mille légendes, toutes prêtes à ne jamais laisser reparaître les aventuriers imprudents. Et dans le cœur des hommes naît la peur, la meilleure des protection. Les murmures des âmes errantes brisent le silence, chantant, à qui veut l’entendre, la venue du cerf ardent.
Une fois le siècle, tandis que s’étendent ses bois, que grandit son pouvoir il s’en vient, majestueux et fier, le cerf au corps de feu. Alors, dès le point du jour et jusqu’aux premières heures de la nuit il s’en va, courant à perdre haleine, embrasant de ses flammes claires toute la forêt. Elle brûle une octe durant, réduisant en cendres le moindre des bois noirs, brûlant les âmes aux flammes du grand athanor. Torches de lumières les forêts noires éclairent les royaumes, révélant ce qui est caché, faisant visible l’invisible. Et les troncs et les branches prennent la couleur des cendres, grises et blanches qu’aucun vent durant cette octe ne sait ôter. Il faudra attendre l’aube du neuvième jour, aux premières lueurs pour que s’évanouissent les forêts de cendre. Tandis que se retire le cerf ardent une nouvelle vie s’élève, une nouvelle forêt, nourrie du chaos autant que de l’harmonie prend vie.
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